Frelon européen - Frelon asiatique

Les Frelons : des super guêpes !

Que se passe-t-il lorsque le frelon d'Europe rencontre le Frelon d'Asie ?

Confrontation entre le Frelon d’Europe et le Frelon à pattes jaunes ou Frelon asiatique
(© Hugues Mouret, Arthropologia)

" Un groupe de frelons à pattes jaunes s’affaire à prélever le jus sucré d’un raisin tardif bien mûr. Mais le frelon européen installé dans le coin depuis bien plus longtemps ne l’entend pas de la sorte... "

Cet article présente quelques généralités sur ces fascinants insectes

Mais au fait, QUI SONT LES FRELONS ?

Les frelons sont des guêpes, simplement de grosses guêpes sociales, originaires d’Asie. Leur nom latin est (le genre) Vespa.

FRELON (Dessin : © Franck Gherardi)

4 espèces peuvent se rencontrer en Europe, mais seulement 3 en France : :

1- le Frelon européen

Celui que nous qualifions de frelon européen (Vespa crabro) est sans doute arrivé d’Asie, il y a déjà plusieurs millénaires. La face est jaune, tête, thorax et pattes sont rousses, tandis que l'abdomen est jaune vif rayé de bandes noires.
NB : Ce frelon a une très large aire de répartition. En Europe, se trouve la sous-espèces Vespa crabro germana.

Frelon européen (Vespa crabro) (© Hugues Mouret, Arthropologia)

2- le Frelon asiatique

Le frelon à pattes jaunes (Vespa velutina nigrithorax) a été transporté depuis l'est de la Chine (Zhejiang) vers le Lot-et-Garonne en 2004. (Arca et al. 2015). Il a depuis rapidement colonisé l’Europe de l’Ouest, mordant désormais sur l'Europe du sud (Espagne, Portugal, Italie) et l’Europe du Nord (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Angleterre). La face est également jaune, mais tête et thorax sont bien noirs. La base des pattes est noire, mais l'extrémité jaune (d'où son nom commun). L'abdomen est à dominante noire et présente une large bande orangée.
Frelon à pattes jaunes (Vespa velutina nigrithorax) (© Hugues Mouret, Arthropologia)

3- le Frelon oriental

Cette troisième espèce, le frelon oriental (Vespa orientalis) a fait quelques incursions en France, mais ne semble pour l’instant pas installée sur le territoire. => Article à lire ICI
Il a également la face jaune, mais le corps est à dominante rousse avec une large bande jaune sur l'abdomen.
Frelon oriental (Vespa orientalis) à l'entrée de son nid, Grèce 2019 (©Yvan Brugerolles, Arthropologia)

4- le Frelon bicolor

Enfin une quatrième espèce plus petite est présente en Europe : le frelon bicolor (Vespa bicolor) n'a pas été observé en France, mais s'est installé en Espagne, d'où il ne semble pas trop progresser, ni poser de problèmes. Toujours une face jaune, le corps est aussi essentiellement jaune, mais il possède un large triangle noir sur le thorax. (Noter qu'il existe de grandes variations dans la coloration de cette espèce)

Frelon bicolor (Vespa bicolor) au Népal (© Quentin Rome, MNHN)

Classification

Les guêpes sont des insectes, classés dans l’ordre des hyménoptères, comme les abeilles, les fourmis…

Les différents groupes de guêpes sociales :

Nos espèces de guêpes sociales appartiennent à la famille des Vespidae, et on en distingue 2 sous-familles : les Polistinés et les Vespinés (= Polistinae et Vespinae).

• Les Polistes : genre Polistes
  Leur taille de guêpes est très marquée et la partie avant de l’abdomen s‘affine progressivement. Leur nid est une galette montée sur un pédoncule et les alvéoles larvaires sont toujours visibles. Le nid ne dépasse pas quelques dizaines d’individus.
  Femelle fondatrice de Polistes (© Hugues Mouret, Arthropologia)
  
  
• Les Vespines : genres Vespa, Vespula et Dolichovespula…
  Elles sont plus trapues et la partie avant de leur abdomen est tronquée, verticale.
  Leur nid est composé de plusieurs galettes, soit enveloppées d’une membrane de pâte à papier, soit à l’abri dans une cavité.
  On compte dans un seul nid, plusieurs dizaines, à plusieurs centaines (frelons), voire plusieurs milliers (guêpe vulgaire et guêpe germanique) d’individus.
  Les frelons appartiennent au genre Vespa et sont classés dans la sous-famille des Vespinés.
  (NB : Guêpes et Frelons sont donc des genres très proches. Les frelons se distinguent anatomiquement des guêpes par la distance plus importante entre les ocelles et le bord postérieur de la tête.)
  
  Guêpe germanique (© Hugues Mouret, Arthropologia)

NB : La grande majorité des autres guêpes et apparentées sont solitaires et inoffensives. Dans les 3 groupes suivants, les femelles chassent et paralysent des proies qu’elles emmagasinent dans un nid, à destination de leurs futures larves. Mâles et femelles se nourrissent dans les fleurs et comptent donc également parmi les pollinisateurs.

• Les Eumènes (Vespidae Eumeninae) : genres Eumenes, Ancistrocerus…
  Ces guêpes maçonnes ou potières chassent des chenilles ou des punaises.
  

  
  

• Les Sphégiens (Sphecidae et Crabronidae)
  Ces proches cousins des abeilles chassent selon l’espèce, des criquets, punaises, pucerons, mouches, chenilles, araignées…
  

  
  

• Les Pompiles (Pompiloidea)
  D’autres cousins spécialisés dans la chasse et la paralysie des araignées.
  

  
  

Nid de frelons

Un nid de frelons se compose de 3 castes :

• d’une femelle fondatrice et seule pondeuse (appelée parfois reine),
• de dizaines ou quelques centaines d’ouvrières (des femelles stériles)
  Et en fin de saison :
• de quelques dizaines de mâles
• de quelques dizaines à quelques centaines de futures fondatrices (qui seules passeront l’hiver)

Les guêpes récoltent du bois sur les branches et troncs des arbres pour en faire une pâte à bois et ainsi confectionner leur nid.

Selon l’espèce considéré, le nid peut être accroché sur une branche, suspendu, installé dans la cavité d’un mur ou du sol…

Chez le frelon européen, le nid est en général installé dans une cavité, comme le tronc d’un arbre creux. Mais bon nombre de nos aménagements (locaux techniques, volet, caisson en bois, nichoir à oiseaux…) peuvent aussi lui convenir.

Nid de frelon européen dans un nichoir à oiseaux (© Hugues Mouret, Arthropologia)

Le nid du frelon à pattes jaunes est souvent bien plus exposé. Il construit tout d’abord au printemps un nid primaire, souvent assez bas. Au cours de l’été, un nid secondaire beaucoup plus gros est confectionné, la plupart du temps en haut des branches d’un arbre. Noter toutefois que 15% des nids sont installés à moins d’1,5 m du sol.

Nid de frelon asiatique en haut d'un Tulipier de Virginie, Portugal 2015 (© Paula Jorge)

Cycle de vie

La pondeuse fonde la colonie seule au printemps et élève les premières larves. Une fois adultes, les ouvrières assurent les travaux de construction, collecte, défense…
A la fin de la saison, les mâles apparaissent, s’accouplent avec les jeunes femelles et meurent. Seules les femelles de l’année fraichement fécondées passeront l’hiver terrées à l’abri du gel, puis chacune, au réveil printanier, tentera de fonder une nouvelle colonie.
NB : Un nid de guêpes est toujours de l'année et un vieux nid n'est jamais recolonisé.

Alimentation

Les guêpes adultes (et donc les frelons aussi), aiment le raisin, les fruits bien murs et sucrés en général, mais elles butinent également le nectar des fleurs et font ainsi partie des insectes pollinisateurs.

Quant aux larves, elles sont nourries de protéines animales rapportées par les ouvrières : mouches, chenilles, mais aussi morceaux de cadavres chinés par-ci, par-là, parfois au détour d’un pique-nique. Ainsi lorsque les guêpes et frelons adultes chassent des proies ou récupèrent des morceaux de cadavres, c'est bien pour nourrir les larves au nid.
= Les guêpes consomment des quantités astronomiques d'insectes et sont en cela des régulateurs indispensables !

Frelon européen prélevant de la pulpe de raisin (© Hugues Mouret, Arthropologia)

Echange de nourriture (trophallaxie) entre 2 ouvrières de frelon européen (© Hugues Mouret, Arthropologia)

Frelon asiatique prélevant du jus de raisin (© Hugues Mouret, Arthropologia)

Frelon asiatique butinant un Orpin des jardins (© Hugues Mouret, Arthropologia)

Frelon européen en train de découper un papillon Silène (© Hugues Mouret, Arthropologia)

Frelon européen en train de préparer une guêpe (© Hugues Mouret, Arthropologia)

Frelon européen avec sa proie (© Hugues Mouret, Arthropologia)

Frelon européen en train de découper un frelon asiatique (© Julien Vallon, ITSAP)

Comportement, agressivité des guêpes

Contrairement à de tenaces idées reçues, les guêpes ne sont pas du tout agressives.
Une piqûre est généralement la résultante d’une inattention ou même d’une agression directe, certes souvent involontaire : on s’assoie, on marche sur une guêpe, ou elle entre sous le T-shirt (imprégné de sueur) qu’on tapote en criant…

Bien entendu, comme tous les autres animaux, en particulier sociaux, certains individus, appelés les gardiennes, ont pour rôle de protéger l’entrée du nid, qui recèle leurs trésors les plus chers : la génération future (le couvain) et les provisions de nourriture.

Elles n’apprécient donc guère que l’on s’arrête dans les 3 à 5 m devant l’entrée du nid, et le font vite savoir :

• des gardiennes montrent leur présence en s’amassant à l’entrée du nid
• puis certaines décollent et volent souvent bien en vue devant les intrus
• enfin, si rien ne bouge, une piqûre permet généralement de débloquer rapidement la situation…

Ainsi, les cas de piqûres multiples sont en général cantonnés aux espèces sociales et à proximité directe du nid.

Parmi les Vespinae, les problèmes se posent essentiellement avec les 2 espèces les plus répandues et les plus populeuses, qui sont aussi les plus agressive (devant leur nid) : la guêpe germanique (Vespula germanica) et la guêpe commune (Vespula vulgaris).

Nid de guêpe commune sous terre (© Hugues Mouret, Arthropologia)

On relève aussi parfois quelques problèmes avec le frelon européen, mais il faut quand même vraiment l’embêter et il fait souvent plus de peur que de mal. Le frelon à pattes jaunes est plus chatouilleux si on l’ennuie un peu.

Enfin, les autres espèces de Vespines sont beaucoup moins belliqueuses, même devant leur nid. On peut d’ailleurs très bien cohabiter avec un nid de guêpes saxonne (Dolichovespula saxonica) installé par exemple dans un abri de jardin, sans le moindre signe d’agressivité et évidemment aucune attaque ni piqûre.

Nid de guêpe saxonne (© Hugues Mouret, Arthropologia)

Chez les Polistinae, les Polistes dérangées peuvent finir par venir piquer et leur piqûre est réputée douloureuse.

Nid de guêpe polistes (© Hugues Mouret, Arthropologia)

Quant aux centaines d’autres espèces solitaires, elles ne montrent jamais la moindre agressivité et il faut vraiment les manipuler pour se faire piquer, mais leur venin est presque inactif sur les humains.

Venin et dangerosité

Certaines personnes sont allergiques au venin de guêpe ; ou au venin d’abeille ; ou les 2. Mais on parle bien là d’allergie au venin de guêpes et d’abeilles sociales, en l’occurrence :

• Les guêpes sociales : Polistinés et Vespinés : 22 espèces
• Les abeilles mellifères ou domestiques (Apis mellifera) : 1 seule espèce en France Noter qu’il existe près d’un millier d’espèces d’abeilles en France, mais qu’il n’est pas connu de réaction allergique => Lien vers page « Abeilles sauvages »

Noter que la composition chimique du venin des frelons est très proche de celui de leurs petites cousines ; le venin de frelon n’est donc pas plus dangereux que le venin des "guêpes classiques".

Noter par ailleurs que le dard est un organe de ponte modifié. Ainsi seules les femelles (pondeuse et ouvrières) sont capables de piquer. Et évidemment, les mâles sont dépourvus d’organe vulnérant et donc totalement inoffensifs.

¡ En clair !

Les guêpes sociales (vespines et polistes) et les abeilles domestiques (Apis mellifera) peuvent être dangereuses pour les personnes allergiques. On compte plusieurs dizaines d’accidents mortels chaque année. Et étant donné leurs rôles essentiels, il n’est évidemment pas question de toutes les éliminer dans les environs, mais d’apprendre à les repérer et à vivre avec.

Mais les frelons sont quand même bien agressifs et dangereux, non ?

D’un point de vue comportemental, les frelons ne sont pas plus agressifs que les guêpes, mais plus massifs, plus patauds et plus bruyants, ils font souvent très peurs.

Bien évidemment, une ou plusieurs piqûres peuvent faire très mal, mais il n’y a pas de véritable danger s’il n’y a pas d’allergie. Pour les espèces présentes en France, la dose mortelle de venin correspond à plusieurs centaines de piqûres. Cela n’arrive que dans des accidents rarissimes : la victime perturbe un nid et est incapable de partir pendant une durée. D’autant plus qu’en cas d’attaque, tous les frelons ne piquent pas.

Attention cependant au frelon à pattes jaunes, car, en cas d’agression du nid, il peut mobiliser rapidement beaucoup d’ouvrières. Il n’est donc pas plus agressif à l’écart du nid, mais son comportement de groupe rend la perturbation de son nid risquée, voire dangereuse. De plus, son nid n’est pas aussi protégé que celui de son cousin européen, car il est construit entre les branches d’un arbre la plupart du temps. Ainsi si l’on secoue ou si l’on coupe les branches, le nid est déchiré et la masse d’ouvrières s’abat alors violemment sur le ou les intrus.
Enfin, lorsqu’un nid de frelon à pattes jaunes est détruit, des nids satellites apparaissent les jours suivants et tout animal qui passe au milieu se voit sévèrement molesté.

En résumé, les guêpes ou les abeilles n’ont aucun intérêt à venir vous piquer. Nous sommes d’ailleurs souvent la cause de cette réaction piquante de défense. Alors plutôt que chercher à supprimer, éliminer, éradiquer toutes ces petites bestioles pourtant fort utiles, nous pourrions (ré-)apprendre à les voir, à les regarder même, puis à les comprendre et enfin les respecter.

Merci pour ELLES, merci pour NOUS !

Guêpes, vigne et vin !

Enfin et ce n’est pas le moindre des arguments : malgré ce qu’en pense certains jardiniers ou viticulteurs, les guêpes sont indispensables au raisin, ou plutôt au vin. Elles assurent le transport et la dispersion de levures, notamment des levures de bières (Saccharomyces cerevisiae) responsable de la fermentation du vin. Alors sans guêpes, le vin serait très différent, voire ne serait pas. (Stefanini et al. 2012)

Ainsi pour RÉSUMER, les guêpes et donc les frelons assurent :

• un service de confort : en consommant nombre de petites bestioles, mouches et autres indésirables autour des maisons, chassées vivantes (prédation) ou consommée mortes (charognard).

• un service de protection de cultures : en consommant nombre de petites bêtes qui s'attaquent aux cultures

• un service de pollinisation : en transportant le pollen de fleur en fleur

• un service de « pro-vinification » : en déposant des levures sur les grappes de raisin

Nous avons donc GRAND BESOIN des GUÊPES !

Et donc le FRELON ASIATIQUE : Problématique apicole ou environnementale ?

Les frelons à pattes jaunes sont polyphages et chassent donc toutes sortes d'insectes. Egalement opportunistes, et dans ce contexte environnemental très tendu, ils se rabattent fréquemment sur les colonies d’abeilles domestiques, elles-mêmes déjà stressées et affaiblies par ces mêmes conditions environnementales.
Ce frelon à pattes jaunes cause donc de nombreux soucis aux ruches d'abeilles mellifères (ou domestiques) mais son comportement "généraliste et opportuniste sur les insectes abondants suggère un impact limité sur les espèces sauvages". (Rome et al. 2020).
Aussi il semble chasser préférentiellement des abeilles domestiques dans les milieux urbanisés et plutôt des guêpes sociales dans les milieux forestiers.
En outre, 159 espèces différents ont été identifiées dans son régime alimentaire, avec une intensité de prédation au maximum en octobre.

Il n'en demeure pas moins que l'impact du frelon asiatique sur les ruchers peut être violent, largement amplifié par le contexte environnemental actuel désastreux. C'est pourquoi beaucoup cherchent à développer pièges et autres méthodes de gestion. Or les campagnes de piégeages non sélectifs menées depuis des années sont catastrophiques et pourraient avoir "un impact beaucoup plus important sur l’entomofaune sauvage et domestiquée que le frelon lui-même." (Rome et al. 2020)

Enfin, le frelon européen, arrivé il y a bien plusieurs millénaires dans nos contrées, a depuis longtemps toute sa place dans notre écosystème naturel. Il remplit même désormais des fonctions importantes, notamment de régulation. Gageons que la place que nous daignerons laisser à la nature et le réensauvagement des milieux qui nous entourent permettront au frelon à pattes jaunes de trouver, lui aussi, une place dans notre faune, car il n’est plus question de faire sans lui.
Frelon européen en train de découper un frelon asiatique pour nourrir les larves (© Julien Vallon, ITSAP)

Comportement naturel de défense

Naturellement, en Asie, dans l'aire d'origine des frelons, là où des interactions existent depuis des centaines de milliers d'années, les abeilles locales (dont Apis cerana) ont développé deux comportements de lutte :

• un létal : le Heatbowling, ou la "boule de chaleur"
  
• un non létal : les abeilles assurent un mouvement rythmique des ailes et de l’abdomen pour perturber le prédateur.
  Retrouvez ces éléments expliqués dans une vidéo d'Eric Darrouzet (directeur du département professionnel Agrosciences à l'Université de Tours) spécialiste du frelon asiatique. Voir la VIDEO
  

Comment limiter l'impact du frelon asiatique sur les ruchers ?

Les chercheurs se sont penchés sur la technique de la Muselière (du bon sens), qui semble à ce jour, la seule méthode efficace démontrée.
"Cette technique peu coûteuse n'entraîne aucun impact sur l'environnement et pourrait donc être recommandée aux apiculteurs comme une méthode efficace de lutte contre le frelon asiatique, respectueuse de la biodiversité." (Requier et al. 2020)

Muselière installée sur une ruche (© A. Lavignotte)

Alors ne nous trompons pas, le frelon asiatique n’est pas le principal soucis des apiculteurs ou de la nature, c’est un énième problème résultant encore et toujours de nos pratiques inconsidérées, même inconscientes.

Plus globalement, sur ces espèces introduites par les humains (volontairement ou pas), que l’on se permet ensuite de qualifier d’invasives :
Nos échanges commerciaux inconsidérés accélèrent les introductions (accidentelles ou pas) d’espèces et les dysfonctionnements des milieux naturels aggravent encore plus les conséquences de ces introductions.

Ainsi, une biodiversité en bonne santé, riche, dense et connectée est moins sujette à l’installation durable et la dispersion d’espèces venues de l’extérieur.

Il reste donc important et urgent de freiner drastiquement ces déplacements insensés d’organismes entre les continents, pour quelques dollars de plus…

Mais à ce stade, il nous faut rappeler que les principales causes de disparition du vivant sont :

• Les Pollutions tous azimuts : chimiques, industrielles, agricoles, domestiques, routières, lumineuses…

• La Destruction et le morcellement des habitats : réaffectation des terres, agro-industrie, urbanisation…

Il est également important de comprendre que ces 2 causes sont responsables de la troisième :

• les Changements climatiques : la Terre s’embrase car les milieux naturels sont détruits et pollués.

Et la suivante est :

• l’introduction d’Espèces exotiques envahissantes du fait de nos échanges commerciaux transplanétaires…

Finalement pour atténuer les méfaits de nos abus, redonner un avenir et un sens à notre place sur cette Terre, il n’y a pas d’autres choix que de combattre ces causes en changeant au plus vite de comportement, partout et tout le temps : dans nos productions, nos transports, nos consommations, nos aménagements, nos modes de gestions...
Il nous faut également à nouveau partager les ressources et le territoire avec le reste du vivant = laisser un peu de place et de temps à la biodiversité.

Mais il est surtout capital, vital même de reconsidérer notre modèle économique basé sur la soumission et l’anéantissement à court terme de la diversité du vivant qui nous entoure, au mépris de la survie de nos propres enfants… Juste pour quelques dollars de plus…

Car nous avons vitalement besoin de TOUT le VIVANT !

Alors vivent les GUÊPES, vivent les FRELONS, et vive TOUT LE RESTE !

Hugues Mouret, ARTHROPOLOGIA, novembre 2022

Merci pour la relecture et les compléments @ :

• Adrien Perrard, iEES Paris (institut d’Ecologie et des Sciences de l’Environnement de Paris)
• Quentin Rome MNHN (Muséum National d'Histoire naturelle)
• Julien Vallon, ITSAP (Institut technique et scientifique de l'abeille et de la pollinisation)
• Luc Mounier, VetAgro Sup (Ecole Vétérinaire de Lyon)

Références :

• Arca, M., Mougel, F., Guillemaud T., Dupas S., Rome Q., Perrard A., Muller F., Fossoud A., Capdevielle-Dulac C., Torres-Leguizamon M., Chen X. X., Tan J. L., Jung C., Villemant C., Arnold G. & Silvain J.-F. (2015) Reconstructing the invasion and the demographic history of the yellow-legged hornet, Vespa velutina, in Europe. Biol Invasions 17, 2357–2371. https://doi.org/10.1007/s10530-015-0880-9

• Stefanini, I., Dapporto, L., Legras, J.-L., Calabretta, A., Di Paola, M., De Filippo, C., Viola, R., Capretti, P., Polsinelli, M., Turillazzi, S., Cavalieri, D. (2012) Role of social wasps in Saccharomyces cerevisiae ecology and evolution. Proceedings of the National Academy of Sciences, 109 (33). 13398-13403 doi:10.1073/pnas.1208362109

• Quentin Rome , Adrien Perrard , Franck Muller , Colin Fontaine , Adrien Quilès , Dario Zuccon & Claire Villemant (2021): Not just honeybees: predatory habits of Vespa velutina (Hymenoptera: Vespidae) in France, Annales de la Société entomologique de France (N.S.), DOI: 10.1080/00379271.2020.1867005

• Requier Fabrice, Rome Quentin, Villemant Claire, Henry Mickaël (2020) : A biodiversity‐friendly method to mitigate the invasive Asian hornet’s impact on European honey bees. Journal of Pest Science; Heidelberg Vol. 93, N° 1, 1-9. DOI:10.1007/s10340-019-01159-9

ALORS RASSURÉ.E.S ?! 😋

Frelon européen mâle prenant la pose (© Hugues Mouret, Arthropologia)